Aperçu du marché : Comparaison entre la chute des prix du pétrole brut observée au début de 2020 et celles survenues durant d’autres événements historiques sur les marchés mondiaux du pétrole brut

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Date de diffusion : 2020-03-25

En date du vendredi 20 mars 2020, le prix du disponible du pétrole brut West Texas Intermediate (« WTI ») a chuté de 65 % par rapport au prix qu’il affichait le 6 janvier 2020. Durant la même période, le prix du brut Western Canadian Select (« WCS ») en Alberta a régressé de 72 %, passant de 40 $ US le baril (« $ US/b ») à 11 $ US/b. Plus particulièrement, le lundi 9 mars 2020, le prix du WTI est passé à 31 $ US/bNote de bas de page 1, une baisse de 25 % par rapport au vendredi précédent. On observe aussi une chute des prix d’autres bruts de référence à l’échelle mondiale. Deux événements d’importance sur les marchés en sont la cause.

Premièrement, les efforts de contention du virus COVID-19, notamment les restrictions touchant les voyages, ont réduit considérablement la demande de pétrole brut depuis le début de janvier. L’Organisation mondiale de la Santé a déclaré l’état de pandémie et les marchés s’attendent à ce que la demande de pétrole brut continue de chuterNote de bas de page 2.

Deuxièmement, le vendredi 6 mars 2020, les pays membres de l’OPEP+ n’ont pas approuvé le maintien des plafonds de production de pétrole après mars 2020. Par conséquent, les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (l’« OPEP »), notamment l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, accroîtront la production. Les Émirats arabes unis accroîtront la production de 1 million de barils par jour (« Mb/j ») [en anglais] et feront passer la capacité de production totale à 5 Mb/j. L’Arabie saoudite augmentera la capacité de production de 1 Mb/d [en anglais] pour qu’elle atteigne 13 Mb/j. La limite de production de 2,1 Mb/j établie par l’OPEP+ [en anglais] en septembre 2016Note de bas de page 3 est ainsi éliminée, ce qui pourrait entraîner une offre excédentaire de pétrole à l’échelle mondiale à court terme. L’OPEP+ regroupe les principaux pays exportateurs de pétrole brut qui sont membres officiels de l’OPEP [en anglais], ainsi que d’autres grands producteurs qui ont collaboré avec l’OPEP par le passé, comme la Russie.

Figure 1. Prix du pétrole brut WTI durant plusieurs événements sur les marchés

Source et description

Source : Energy Information Administration [en anglais], NYMEX [en anglais]

Description : Ce graphique linéaire montre le déclin en pourcentage des prix du pétrole brut WTI durant plusieurs événements sur les marchés. En 1990 et 1991, durant la guerre du Golfe, le prix est passé de 41,07 $ US/b le 11 octobre 1990 à 17,43 $ US/b le 25 janvier 1991, soit une baisse totale de 58 % après 95 séances boursières, jusqu’à ce que les prix commencent à se raffermir. Durant la crise financière de 2008, le prix est passé de 145,2 $ US/b le 14 juillet 2008 à 30,3 $ US/b le 23 décembre 2008, soit une baisse totale de 79 % après 114 séances boursières, jusqu’à ce que les prix commencent à se raffermir. Durant la chute des prix du pétrole qui a commencé en 2014, le prix est passé de 105,7 $ US/b le 28 juillet 2014 à 26,7 $ US/b le 20 janvier 2016, soit une baisse de 75 % après 373 séances boursières, jusqu’à ce que les prix commencent à se raffermir. Durant l’épidémie de la COVID-19, le prix est passé de 63,3 $ US/b le 6 janvier 2020 à 22 $ US/b le 20 mars 2020, soit une baisse totale de 65 % après 52 séances boursières.

Jusqu’à présent, l’envergure de cette chute des prix a été la plus marquée, mais n’est pas sans précédent. Voici d’autres événements historiques qui ont eu des répercussions semblables sur les prix :

  • Guerre du Golfe de 1990-1991 : Le 2 août 1990, l’Irak a envahi le Koweït, privant le marché de 4,3 Mb/j (environ 6,5 % de la demande mondiale de pétrole à ce moment-làNote de bas de page 4) à la suite de l’imposition de sanctions par les Nations Unies. Cela a entraîné une augmentation de l’ordre de 166 % du prix du pétrole brut WTI, qui est passé, en moins de quatre mois, de 15 $ US/b en juin 1990 à 41 $ US/b en octobre 1990. Les prix ont ensuite chuté de 58 % au cours des cinq mois qui ont suivi pour s’établir à 18 $ US/b en février 1991, après l’intervention des forces de la coalition, dont faisait partie le Canada et qui étaient dirigées par les États-Unis, dans la région du Golfe à la mi-octobre 1990. Les prix du pétrole ont commencé à afficher un recul qui s’est maintenu jusqu’à l’invasion et à la guerre qui ont suivi, notamment une chute de 33 % le 17 janvier 1991, le jour du début de l’opération Desert Storm (tempête du désert).
  • Crise financière mondiale et Grande Récession : De la mi-juillet 2008 à décembre 2008, soit en moins de six mois, le prix du WTI a chuté de 79 %, passant de 145 $ US/b à 30 $ US/b. Avant la crise financière et au début de celle-ci, les prix du pétrole brut ont connu une hausse rapide en raison d’une demande accrue à l’échelle internationale et de la force de l’économie mondiale. À mesure que la récession, qui a d’abord touché le secteur financier américain, s’est étendue aux autres secteurs de l’économie mondiale, la demande d’énergie, y compris de pétrole brut, a connu une baisse. Aux États-Unis, la consommation de pétrole brut a diminué de 9 % de 2007 à 2009, tandis que la consommation mondiale de brut a connu une baisse de 1,4 Mb/j ou de 1,6 %. Les prix du pétrole brut ont recommencé à grimper au début de 2009, et cette hausse s’est maintenue chaque année jusqu’en 2014.
  • Effondrement du marché du pétrole de 2014 : Le prix du pétrole brut WTI a atteint 106 $ US/b en juin 2014 avant de subir un recul pour s’établir à 27 $ US/b en février 2016, une baisse d’environ 75 % sur une période d’un an et six mois. Les marchés du pétrole sont plus que saturés en raison de l’accroissement de la production de pétrole de schiste des États-Unis ainsi que de la décision de l’OPEP prise en décembre 2015 d’éliminer les plafonds de production. De 2008 à 2014, la production de pétrole des États-Unis est passée de 5 Mb/j à 8,8 Mb/j. Durant la même période, la production canadienne de brut est passée de 2,7 Mb/j à 3,8 Mb/jNote de bas de page 5, ce qui a aussi contribué à la saturation des marchés. La demande mondiale de brut a suivi une tendance à la hausse chaque année durant cette période, mais elle a été dépassée par la croissance mondiale de l’offre.
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