Aperçu du marché : Le rôle potentiel du nucléaire dans Avenir énergétique du Canada

Contactez nous

Fil RSS – Information sur l’énergie

Commentaires, questions ou suggestions portant sur les aperçus du marché peuvent être envoyés à l’adresse apercus@rec-cer.gc.ca.

Date de diffusion : 2022-07-06

Le Canada possède des ressources énergétiques diversifiées et abondantes qui varient selon les régions. La Colombie-Britannique, le Québec et le Manitoba sont réputés pour leur hydroélectricité, tandis que l’Alberta et la Saskatchewan le sont pour leurs réserves de combustibles fossiles. Le Canada est aussi l’un des plus grands producteurs d’uranium dans le monde. La Saskatchewan abrite les plus importants gisements d’uranium sur la planète, le combustible servant à la production d’énergie nucléaire. Depuis longtemps, le Canada finance la recherche et le développement de l’énergie nucléaire. Le Nouveau-Brunswick et l’Ontario ont actuellement recours à cette forme d’énergie pour produire de l’électricité à faibles émissions pour leurs clientsNote de bas de page 1. Le Canada mise sur les ressources, l’expérience et les connaissances pour continuer à utiliser le nucléaire dans la décarbonation de sa filière énergétique. Or, la mise en valeur de l’énergie nucléaire fait face à des obstacles à l’entrée et devra continuer de compter sur des conditions favorables, entre autres le soutien de la population et des politiques accommodantes. D’autres facteurs entrent en ligne de compte, dont les coûts du nucléaire et leur évolution, la réglementation de la sûreté et des déchets, le vieillissement des centrales actuelles et l’émergence de nouvelles technologies.

Le présent de l’énergie nucléaire

Le Canada a mis au point sa propre technologie nucléaire : le réacteur canadien à deutérium-uranium connu sous le nom de CANDUNote de bas de page 2. Ce réacteur à fission nucléaireDéfinition* produit de l’énergie en utilisant de l’uranium comme combustible et de l’eau lourde (oxyde de deutérium (en anglais)) comme modérateur et réfrigérant. La recherche et le développement dans le domaine du nucléaire se poursuit partout au pays dans des laboratoires comme les Laboratoires Nucléaires Canadiens, en Ontario, des instituts de recherche comme le Centre canadien d’accélération des particules Triumf (en anglais), en Colombie-Britannique, et des universités comme l’Ontario Tech University (en anglais). On trouve aussi au Canada de grandes réserves d’uranium, principalement dans le nord de la Saskatchewan. Le pays compte parmi les plus grands producteurs et exportateurs d’uranium et fournit des services liés au combustible nucléaire dans le monde entierNote de bas de page 3.

Figure 1 – L’énergie nucléaire au Canada

Source et Description

Source : Ressources naturelles Canada

Description : La figure 1 situe au Canada les centrales nucléaires, les mines d’uraniumDéfinition*, les usines de concentration et les installations de traitement de l’uranium. Toutes les mines et toutes les usines de concentration d’uranium se trouvent dans le nord de la Saskatchewan, tandis que les raffineriesDéfinition*, les usines de conversionDéfinition* et les installations de fabrication de combustible d’uraniumDéfinition* CANDU sont situées en Ontario. On compte aussi dans cette dernière province trois centrales nucléaires dont la capacité nette de production d’électricité en 2020 s’établissait à 12 894 MW (en anglais). Le Nouveau-Brunswick abrite une seule centrale nucléaire, dont le réacteur CANDU avait une capacité nette de production d’électricité de 660 MW (en anglais) la même année.

Actuellement, les quatre centrales nucléaires au pays fournissent environ 15 % de toute l’électricité produite au CanadaNote de bas de page 4. L’Ontario et New Brunswick comptent énormément sur l’énergie nucléaire pour produire de l’électricité à faibles émissions pour leurs clients. Or, le parc de réacteurs au Canada vieillit, tous les réacteurs nucléaires actuellement en exploitation (en anglais) ayant été raccordés aux réseaux électriques entre 1971 et 1993.

Certes, l’énergie nucléaire ne produit pas d’émissions, mais l’élimination des déchets qui résulte de son utilisation et la prolifération des armes nucléaires suscitent des préoccupations sur le plan de la sécurité. En 1946, le Canada a adopté la Loi sur le contrôle de l’énergie atomique pour réglementer l’énergie nucléaire. En 2000, cette loi a été remplacée par la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires, qui a créé la Commission canadienne de sûreté nucléaire (« CCSN »). Le mandat de la CCSN est le suivant :

  1. Réglementer l’utilisation de l’énergie et des matières nucléaires, y compris l’élimination sécuritaire des déchets nucléaires;
  2. Mettre en œuvre la politique de non-prolifération et les engagements internationaux du Canada à l’égard de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire;
  3. Offrir au public des informations sur les aspects scientifiques, techniques et réglementaires.

L’avenir de l’énergie nucléaire

Étant donné l’accès au Canada à des ressources d’uranium et la vaste expérience du pays en matière d’énergie nucléaire, comment se profile l’avenir du nucléaire au pays? Selon le récent rapport Avenir énergétique du Canada en 2021 de la Régie de l’énergie du Canada, le nucléaire demeure une source constante de production d’électricité jusqu’en 2050, dans le scénario d’évolution des politiquesNote de bas de page 5. Ce scénario comprend des hypothèses sur les coûts des technologies et sur les politiques qui influent sur l’énergie nucléaire au fil des ansNote de bas de page 6. La figure 2 illustre l’évolution de la production d’électricité dans le temps selon ce scénario.

Figure 2 – Production d’électricité dans le scénario d’évolution des politiques

Source et Description

Source : Avenir énergétique du Canada en 2021

Description : Cette figure présente la production d’électricité selon la source dans le scénario d’évolution des politiques du rapport Avenir énergétique du Canada en 2021. On y constate que la production augmente d’environ 40 % d’ici 2050, par rapport à celle de 2019, la plus grande partie de cette hausse provenant de l’éolien et du solaire.

La production d’électricité au moyen du nucléaire demeure constante jusqu’en 2050 dans le scénario d’évolution des politiques, mais sa part de la production totale diminue jusqu’à cet horizon pour les raisons suivantes : 1) les coûts moins élevés des technologies à émissions faibles ou nulles et 2) les échéances et les plans des sociétés de services publics, des sociétés privées et des exploitants de réseaux constituent l’élément central du choix du moment et de l’ampleur de l’ajout de production d’énergie nucléaire pendant la période de projectionNote de bas de page 7. C’est ce qui explique que le scénario d’évolution des politiques mise sur une production constante d’énergie nucléaire, mais non une hausse.

Au-delà du scénario d’évolution des politiques, à mesure que le Canada avance vers un avenir à bilan zéro, on s’attend à une forte augmentation de la demande d’électricité. La production nucléaire pourrait aider à répondre à cette demande. L’occasion qui émerge dans ce secteur se trouve dans des centrales plus modestes. Les petits réacteurs modulaires, ou PRM, sont de conception plus simple et sont plus portables et pourraient offrir un meilleur rapport coût-rendement que les réacteurs classiques. Les PMR retiennent de plus en plus l’attention au Canada du fait qu’ils peuvent fournir chaleur et énergie sans émissions à des secteurs difficiles à décarboner, comme l’exploitation minière et l’exploitation du pétrole et du gaz, et aux collectivités rurales et éloignées qui ne peuvent être raccordées à des réseaux électriques.

La technologie des PMR est nouvelle et en est toujours à l’étape de la recherche et du développement. À ce stade-ci, on continue d’en étudier la faisabilité, les coûts, les occasions qu’elle présente et les difficultés qui l’entourent. Au cours des dernières années, le Canada a lancé trois initiatives pour favoriser son développement, à savoir :

  1. la feuille de route des PMR au Canada, une trajectoire qui vise à définir une vision à long terme pour l’énergie nucléaire au pays;
  2. l’établissement d’une étude de faisabilité des PRM intitulée Plan stratégique pour le déploiement des petits réacteurs nucléaires et la signature d’un protocole d’entente par quatre provinces, l’Ontario, l’Alberta, la Saskatchewan et le Nouveau-Brunswick, qui se sont engagées à collaborer pour faire avancer le développement et le déploiement des PRM au Canada;
  3. le plan d’action des PRM au Canada, un plan national pour le développement, la démonstration et le déploiement de PRM en vue d’exploiter leurs multiples applications, au Canada comme à l’étranger.

La production nucléaire à grande échelle tout comme avec des PRM pourrait contribuer grandement à l’atteinte d’un avenir à bilan zéro. Le rôle que jouera le nucléaire dans la transition énergétique du Canada reposera sur le soutien de la population et des politiques accommodantes, la réglementation continue de la sûreté nucléaire et des déchets, l’évolution des technologies dans le domaine et la compétitivité des coûts par rapport aux autres technologies de production d’électricité à émissions faibles ou nulles.

Date de modification :